Belle-Île-en-mer (1978-1997)

J’ai toujours pensé que la réalité profondément allégorique de nos îles représentait toutes les virtualités de communication entre chacune des alliances de nos multiples vies.

Un éloignement dans l’amande du jour…

La révélation décisive comme d’une frontière d’âme entre des êtres, et qui s’aimeraient follement, puis glisseraient, s’écarteraient à jamais vers d’autres îles infinies…

ÎLES : au cœur de tous nos possibles, je vous sais une image de l’amour qui est délivrance d’une blessure ouverte puisque sous l’ombre dense d’un absolu nuage.

Les mondes où nous vivons sont inversés du regard, et l’on mène des aventures – ici-bas, dans l’immobile – qui sont souvent stupéfiantes… Ainsi, on regarde depuis les hauteurs terriennes de nos îles, on regarde l’horizon, mais cela ne suffit pas pour le voir.

On en espère comme l’arrêt, mais cela ne suffit guère à en épuiser le désir fou.
Les îles apportent l’enseignement vrai des distances, l’affranchissement des remords, la mesure justement apéritive de nos désirs essentiels.

S’y brise la lame de nos vies antérieures, s’y déchiffrent les analogies végétales, minérales, d’avec notre destin.

S’y abîment enfin, en la contemplation du ressac, les chiens ivres de solitude, à n’y plus lire – désormais – que l’ombre passante d’un vent…

Si au cours de vos errances il vous arrivait de croiser ce Poète, ce vieux Marin d’Amour éperdument fou, laissez-le à son ivresse et dites simplement : « Il a aimé au-delà de tout et n’attend plus pour désancrer ses ports que l’effleurement d’une aile d’oiseau ou le battement léger d’un cœur… »