Si l’étranger perd un monde…

Si l’étranger perd un monde, c’est pour en gagner un autre fait de brisures et de songes mêlés. Peut-être ne voyage-t-il que pour rechercher une fidélité à ce monde, la déraison vitale et obstinée d’une foi – un accord certes imparfait, mais rayonnant de vide, de songe et de lumière.

C’est avec un regard encore tout hanté de sa nuit qu’il collectionne des passages, des départs, des jardins intérieurement exaltés – mais au bout du compte, après tant d’effacement, ce qu’il reste de cendres est son chemin entier. La signification forte d’un lieu, comme son sentiment d’absence, cohabitent dans le même instant originaire et parlent du même éclat.

Belle-Île-en-mer, la mémoire étoilée, Bernard Neau, extrait