L’Erdre gelée

Les rivières enregistrent des événements calendaires mémorables avec leurs crues et périodes glaciaires si bien que l’on se rappelle la grande crue de l’Erdre en telle année ou la rivière entièrement glacée de telle autre. Le grand gel durant l’hiver 2012, et celui, partiel, de février 2017 me permirent d’en recueillir des images.

La photographie restitue une dominante grise ou bleue selon le moment du jour et l’angle d’incidence de la lumière sur la glace. Un paysage fragile s’offre au regard qui recompose des perspectives fragmentées, des plans rapprochés en bascule.

Vus de très près, en longue focale, des icefields, des icebergs, décrochés d’une banquise imaginaire, dérivent au ralenti sous nos yeux éblouis en se densifiant ou morcelant au gré de la température.

Le moindre éclat de lumière sur ce hublot touché par le soleil, cette étrave de péniche, cette arche de pont, se multiplie en facettes colorées et brisées.

En longeant les rives gelées, on poursuit une rêverie mêlée aux récits et réminiscences d’explorateurs polaires de l’Antarctique et du Grand Nord, tandis que nous reviennent, dans la magie enivrante de la lumière, des images des romans de Jules Verne ou de Jack London…

Les haïkus de l’Erdre (2017). Textes et photos : Bernard Neau