Le monde de l’eau

L’eau m’a toujours accompagné au cours de mes flâneries, dans ma quête d’images poétiques et photographiques. Au fil des ans, cet élément a aidé à construire ma pensée, guider ma sensibilité, élaborer mon imaginaire, tant il est le révélateur d’un désir profond de mon être ouvert à toutes les aspirations, toutes les respirations.

Sur l’eau, les reflets improvisent des accidents heureux, des arabesques et des symétries si rapides que la notion du temps s’affole avec l’élasticité de l’espace observé. Et ce miroitement de l’instant-éclair, l’objectif l’éternise par une image inscrivant un court fragment d’espace dans la fragilité de la durée.

L’eau invente mille formes et dessins sur ces surfaces éphémères qui n’ont plus besoin de la profondeur et sont autant d’épiphanies captées par l’œil second qu’est l’objectif.

Au bord de la rivière, le regard surprend un mouvement de branchages, un glissement furtif sur l’onde provenant du monde végétal, d’un oiseau ou d’un nuage, d’un éclat du soleil ou d’un bateau.

La lumière qui anime l’eau est une, se conjuguant aux nuances et gammes d’une ombre plurielle. Et cet esprit ductile, cette matière protéiforme, nous ramène à l’étonnement primordial, source de la nécessaire beauté d’un monde retrouvé, ré-enchanté.

Les haïkus de l’Erdre (2017). Textes et photos : Bernard Neau