Les voyageurs-nés…
Les voyageurs-nés, tous ceux qui s’en allèrent en quête de leur « étoile d’Orient », cherchent par-delà l’étendue de leur enchantement ou de leur désillusion, à concilier la part du réel qui les tourmente avec celle de l’imaginaire qui les fait vivre.
Un jour, pourtant, le monde finit par s’accorder à leur absence – leur désir ne les précède plus vers l’illimité, il les ramène sur les sentiers d’une contrée ou d’une île désormais identifiée bien que toujours inconnue.
Aussi, lorsque je regarde la mer, je ne regarde pas la mer – je regarde cet au-delà de la mer qui n’existe pas. Je sais que je m’efface dans le simple bonheur d’une illusion qui enivre, et tous les horizons réels ou imaginaires, je les convie en l’invention de tous mes possibles. Je sais qu’il suffit de contempler un arbre ou la découpe d’un rocher pour percevoir toute une intimité de la terre que partage un rêve de l’océan, qu’il suffit de marcher sur cette grève frangée d’écume pour en connaître toutes les autres – jusqu’au bout du monde.