Le monde de l’air
Les berges d’une rivière sont des lieux privilégiés où « prendre l’air », où venir s’aérer physiquement et mentalement.
On y voit de l’eau et des végétaux qui s’y reflètent, des arbres avec leurs branches où se pose parfois un oiseau, qui nous permettent de saisir « quelque chose dans l’air » car ce sont des catalyseurs, des agents concrets, des repères à peu près assurés pour le regard. Et comme ils constituent une plénitude matérielle révélant par contraste un vide lumineux dans l’espace nu et dépouillé qui désigne l’ouvert, alors on saisit ce qui peut être vu réellement de l’air. Une image s’arrête au bord du visible, de l’évanescence, du volatile ; elle fixe un monde dans sa précarité, elle demeure dans sa fragilité – et c’est le miracle de l’air qui advient.