En amont de l’oubli
*
Un jour, il vécut une suite éternisée
d’instants qui ne séparent rien
les orgues géantes des montagnes
bleuissaient dans la lumière du soir
le ciel avait des mouvements de sable
des arbres rares
veillaient sur l’immensité
*
le silence, ici
est la face visible du vide
la trame de la parole
dans le tissu du mystère,
une matière palpable
fluide, cristalline,
comme un geste
sensible partout dans l’air
et dans les pierres
*
don et mesure du silence
cette ferveur du corps et de la terre
que l’étendue gagne jusqu’à la joie
*
le pays lentement s’éloigne de la vision des yeux
l’écriture du vent efface les pas
mais l’horizon est la demeure intime
*
entre ciel et terre
entre lui et lui
tire le trait de l’inutile
délivre l’instant de sa promesse
*
si peu de nous, du paysage
tant est farouche
la volonté d’innocence
portée par notre rêve
*
échappé de soi
sans fin ni commencement
comme si le premier geste
s’ouvrait depuis le dernier