Les rectangles et le vide
Murs percés de regards. Traversées d’échos, des trouées de lumière réfléchissent au bord de l’eau les présences du dehors en les rendant sensibles.
L’âme des formes transparaît ici au moyen du vide. Le vide, ou l’univers du rectangle – des bassins aux aérations murales.
Du vide, pas des fenêtres. Des découpes de ciel, des appels d’air qui sont autant de rêveries maritimes ouvrant sur d’infinis départs, ou des puits vertigineux d’ombres au fond des alvéoles refermées sur de la mémoire morte.
Cela tient à la fois de la ruche, de la grotte, de la caverne – de seuils en abyme. Et tout ce monde obéit à la loi multipliée des rectangles.
Les rectangles impulsent leur rythme à l’étendue, insufflent de l’énergie, dynamisent le paysage. Dessinant les contours du vide agissant, ils régulent les jeux du clair et de l’obscur.
Centre, et passage… Géométrie aérée, rayonnante et pensive… Lieu avivant le souvenir, tout en exorcisant un passé scellé sur ses visées hostiles et ses mauvais secrets.
Les rectangles transforment le temps vécu en espace vital et libèrent les murs, créant des lignes de fuite depuis l’horizontalité de l’eau, la verticalité des parois. Comme des vagues de ciment, entre l’état liquide et l’état solide, où le possible viendrait toujours faire signe dans la fluidité de l’air.
Et par ces ouvertures – grâce au vide – le bleu du voyage, ou le gris de l’attente, nous envahit d’illimité.
La base sous-marine de Saint-Nazaire
Un étrange patrimoine entre mémoire et devenir
Bernard Neau (texte inédit–extrait)